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Circouleur donne une seconde vie aux peintures acryliques

La start-up girondine récupère la peinture inutilisée, la reformule et en fait un produit pour les murs intérieurs, haut de gamme, peu émetteur de COV* et vertueux.

Une belle aventure que celle de Circouleur, petite entreprise née en 2017, qui a mis en pratique une idée originale : créer une filière de recyclage pour des déchets de peinture jusque-là peu ou pas valorisés.

La fabrication de peinture, un modèle habituellement linéaire et à forte empreinte carbone, se transforme ici en économie circulaire, avec la réintroduction de déchets dans le process. L’impact carbone de ces peintures est divisé par 12, au minimum**.

Le potentiel est important puisque 28 millions de litres de peinture en phase aqueuse sont incinérés chaque année en France (soit environ 150 000 Tequ CO2 générées).

Comment ça marche ?

Circouleur passe des accords avec diverses entreprises de collecte pour récupérer les rebus de peinture (fonds de pots ou pots invendables) auprès des déchèteries partenaires, mais aussi de soldeurs, fabricants de peinture et entreprises du bâtiment de la région Nouvelle Aquitaine.

Une fois les pots regroupés sur la plate-forme de tri, les produits non recyclables sont isolés : peintures glycérophtaliques, vernis, colles, fonds solidifiés ou contenus « suspects ». Quant aux pots utilisables, tous à base de la même résine, ils sont ensuite répartis par couleur dans des fûts.

 

A chaque couleur sa formule 

Après analyse au laboratoire d’un échantillon de chaque fût, une recette est formulée qui permettra d’obtenir une peinture de la qualité requise.

Un gros travail de colorimétrie est par ailleurs effectué au sein de la start-up, afin de garantir les teintes de son nuancier, obtenues par de savants mélanges.

La suite est l’affaire d’un façonnier de la région Nouvelle-Aquitaine, qui réceptionne les fûts et leurs formules respectives, à partir desquels il fabrique et conditionne la peinture Circouleur.

Deux gammes et 15 couleurs

La peinture recyclée Circouleur est distribuée partout en France : dans des enseignes de décoration et en grandes surfaces de bricolage, pour la gamme grand public (en pots de 0,5 ou 2,5 L) ; et en vente directe, pour la gamme professionnelle (pots de 15 L). Les peintres en bâtiment apprécient en particulier les blancs et le primaire d’impression, tandis que les particuliers sont plus sensibles aux couleurs.

Le nuancier contient 15 teintes, qui sont élaborées selon les tendances déco.

90 à 95% de produits recyclés 

Les peintures obtenues sont garanties recyclées à hauteur de 70 % minimum. Dans les faits, la très grande majorité contient 90 à 95 % de produits recyclés. Le reste est composé d’additifs compatibles avec les peintures biosourcées (sans COV).

Le produit obtenu, de qualité haut de gamme, est commercialisé à un prix équivalent ou inférieur aux peintures de qualité professionnelle.

La qualité de l’air intérieur est mieux respectée, avec ces peintures qui émettent très peu de COV (moins de 30 µg/m3 – elles sont classées A+ car émettant moins de 1000 µg/m³). En effet, les pots ayant servi, les COV contenus dans la peinture initiale se sont déjà volatilisés… Et le peu d’additifs ajoutés lors de la reformulation n’en contient pas.

 

Circouleur, entreprise « sociale »

Entreprise unique dans l’Hexagone, Circouleur remporte de beaux succès. Après avoir été distinguée par le trophée Sekoya de la plate-forme Carbone et climat (créée par un club d’industriels), la start-up a reçu le 1er prix Créateur d’une entreprise sociale.

Car Circouleur ne se soucie pas seulement de la protection de la planète mais aussi de sa responsabilité sociale. Elle emploie des personnes en réinsertion et fait appel à des personnes handicapées pour l’étiquetage des pots et la fabrication du nuancier, générant 236 jours de travail par an.

Une opportunité pour les peintres

En pleine croissance, pour répondre à la demande, la start-up emploie 13 personnes, en majorité chimistes, qui seront bientôt rejointes par de nouveaux collaborateurs.

Des entreprises du bâtiment participent déjà à l’aventure. Elles mutualisent leurs déchets et les stockent sur palette ou mini-benne. Le coût de l’enlèvement, payé à la tonne au collecteur, est bien moindre que la facture d’incinération habituelle et évite des déplacements en déchèterie.

La collecte, aujourd’hui circonscrite à la Nouvelle-Aquitaine, ne va pas tarder à se développer ailleurs. Car l’idée de collecter au plus près de la source de déchets implique de développer plusieurs zones de collecte. Un essor prévu dans le cours de l’année 2021, notamment en Ile-de-France et en Rhône-Alpes.