C’est en effectuant ses propres travaux de peinture, que Mailys Grau s’est fait la réflexion qu’il restait toujours un peu de matière au fond du pot une fois le chantier terminé. Chimiste de profession, mais à la recherche d’un nouveau défi professionnel dans le domaine de l’impact environnemental, elle s’est alors lancée dans des recherches approfondies sur le sort réservé à cette peinture résiduelle.

« Selon une estimation d’un rapport de l’Ademe, il y aurait quelque 59.000 Tonnes de peinture résiduelle jetée chaque année en France. » Dans le même temps, une étude réalisée par EcoDDS (société de collecte de déchets chimiques) a permis de montrer que 43 % du tonnage de pâteux (soit 80.500 tonnes par an) était constitué de peintures ayant un potentiel à être recyclées.

Un partenariat avec l’industriel Pena Environnement à Saint-Jean-d’Illac

Voilà comment est née l’idée de Circouleur, l’entreprise fondée par Mailys Grau il y a un peu plus d’un an, qui fabrique désormais de la peinture murale en récupérant ce qu’il reste dans les fonds de pots jetés en déchetterie. Un concept inédit en France.

Elle a implanté ses bureaux à Blanquefort, près de Bordeaux, mais travaille essentiellement à Saint-Jean d’Illac, sur le site de Pena Environnement, un industriel régional spécialisé dans le recyclage des déchets, avec qui Circouleur a passé un partenariat pour récupérer les pots de peinture usagés.

« C’est Pena qui récolte les pots, et nous réalisons le tri de ce qui peut-être recyclé, poursuit Mailys Grau, sachant que nous ne nous intéressons qu’à la peinture acrylique, or, on trouve encore des pots de peinture glycéro… Après, nous effectuons des familles de couleurs, et nous avons mis en place un procédé pour restituer une palette de 15 couleurs. »

Un prix de vente équivalent à de la peinture non recyclée

Une fois la matière première collectée, une étape de filtrage et un ajout d’additifs doivent permettre d’obtenir une qualité égale ou supérieure à de la peinture neuve. Les peintures sont reconditionnées puis vendues aux particuliers et artisans.

Circouleur vient de sortir ses premiers pots de peinture, que l’on devrait bientôt trouver dans le commerce dans une grande surface de la région bordelaise, et notre ambition est bien entendu que l’on puisse en trouver à terme dans toutes les grandes surfaces de bricolage. » Et ce à un prix équivalent à de la peinture non recyclée.

L’ambition de produire 200 Tonnes par an d’ici à trois ans

L’entreprise devrait produire entre 5 et 10 tonnes de peinture cette année, et espère monter à 200 tonnes d’ici à trois ans. Elle espère séduire un public sensible aux produits limitant leur impact environnemental. La production de peinture recyclée réduit en effet le recours aux matières premières vierges issues de ressources fossiles (pétrole) ou minières (titane) et diminue le transport longue distance des matériaux. C’est à ce titre que Circouleur vient de recevoir une subvention de près de 70.000 euros de la part de la région Nouvelle Aquitaine.

Circouleur est composée à ce jour de six personnes.